Le Marine Stewardship Council (MSC) a nommé trois experts indépendants dans le dossier de la recertification de pêche durable du homard des Îles-de-la-Madeleine. Il s’agit de deux Britanniques : Jim Andrews, consultant en pêcheries et environnement marin au Royaume-Uni, Julian Addison, chercheur londonien en écologie et modélisation des populations de poisson, de même que du Terre-neuvien Gerald Ennis, chercheur en biologie marine.
Jean-Claude Brêthes, lui-même évaluateur indépendant pour le compte de SAI Global, un sous-traitant de MSC, connait bien le chercheur Ennis. «Je connais le travail de Gerry Ennis qui était l’expert homard à Terre-Neuve et qui a déjà fait des évaluations MSC, dit-il. Donc, c’est des gens solides, oui.»
M. Brêthes précise que ces trois arbitres du collège d’examen par les pairs du MSC auront à se pencher sur la réévaluation des indicateurs de performance du stock de homard des Îles que son équipe a amorcée en octobre dernier. «La visite de terrain est terminée, précise-t-il. Ensuite, ça va se faire par échanges de courriels, de téléphone, avec Pêches et Océans et les associations de pêcheurs de homard; l’APPIM (Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine) principalement, qui a la certification du homard.»
PAS DE MODIFICATION PRÉVUE
Cette certification de pêche durable porte sur l’état du stock, la santé de l’écosystème et la gouvernance de la pêcherie, poursuit Jean-Claude Brêthes. Il ne s’attend pas à ce que le processus de renouvellement en cours modifie la perception qu’on en a déjà. «Ce qu’on va corriger, c’est des erreurs factuelles, dit-il. S’assurer qu’on n’ait pas d’oubli ou de mauvaise interprétation. On a battu des records de capture l’année dernière, poursuit M. Brêthes. Les indicateurs que l’on a, donc – l’abondance des femelles œuvées, les indices de recrutement – vont bien. Et puis, du côté de la gestion, ça continue sur la même lancée; donc, les mesures de conservation sont toujours en place. Tout va bien pour le moment.»
Cela dit, la grille d’évaluation du MSC est un peu plus sévère qu’elle ne l’était il y a cinq ans, précise le professeur en océanographie biologique et titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski. Il est possible, dit-il, que de nouvelles conditions soient imposées aux pêcheurs madelinots pour la protection de l’écosystème. «Par exemple, avant on avait les espèces dites retenues et les espèces rejetées. Bon, maintenant, on a les espèces primaires et secondaires et dans chacune, une espèce principale et des espèces mineures. Donc, elles doivent être évaluées et chaque espèce principale doit être évaluée séparément. Ça, c’est un exemple d’élément qui a changé.»
C’est en cours d’hiver que SAI Global remettra son rapport au collège d’experts indépendants du MSC. Leur décision sera rendue publique avant l’échéance de la certification actuelle, en juillet prochain. Entretemps, Jean-Claude Brêthes affirme que les démarches entreprises par l’Office des pêcheurs de homard des Îles pour devenir titulaire du sceau de pêche durable, en remplacement de l’Association des pêcheurs propriétaires (APPIM), ne changent rien au processus de recertification. «Ça modifie quelques éléments dans la définition des termes, souligne-t-il, mais pas de l’évaluation comme telle.»
LES ÎLES EN BREF – page 30 – Volume 31,1 – Février-Mars 2018