Un nouveau projet de recherche pour suivre les déplacements des phoques gris juvéniles nés dans le Golfe débute cette année. Le chercheur Xavier Bordeleau de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), de Mont-Joli, explique que le ministère des Pêches et des Océans (MPO) mène déjà un suivi des phoques gris adultes depuis 1993, par le biais de la télémétrie satellitaire. On utilise à cette fin des émetteurs satellite collés sur la tête des animaux.
«C’est un tag satellite qui nous informe sur les profils de plongée, les différents habitats visités et la température des eaux dans certains cas», expose le spécialiste en écologie des pinnipèdes et relations proies-prédateurs.
La nouveauté c’est qu’il se fabrique désormais des émetteurs satellite de plus petite taille qui permettent leur installation sur les juvéniles. Onze d’entre eux ont ainsi été étiquetés, après la mise-bas de janvier dans la colonie de l’Île Brion, de même que 13 sur l’île Saddle à l’ouest de Pictou, en Nouvelle-Écosse. «L’objectif de ces nouveaux déploiements de télémétrie c’est d’abord de documenter la survie des juvéniles, explique M. Borderleau. Parce que c’est une question assez importante à éclaircir pour avoir des estimations de population plus directes.»
De plus, la télémétrie satellitaire servira à documenter la distribution spatiale des phoques gris juvéniles et les endroits où ils se nourrissent. «Sachant que la technologie ne nous permettait jusqu’ici que de tagguer les adultes, et sachant que les jeunes au moment de leur naissance représentent quand même une importante partie de la population en termes de démographie, ça va nous permettre de déterminer si les endroits où ils s’alimentent sont différents de ceux des adultes», indique le chercheur de l’IML.
Ce suivi acoustique satellitaire va aussi permettre de connaître l’ampleur de la dispersion des phoques gris juvéniles et de leurs échanges entre le Golfe et le plateau néo-écossais. «Parce qu’il y a beaucoup d’espèces pour lesquelles la dispersion est accrue au stade juvénile, fait remarquer Xavier Bordeleau. Et éventuellement, toutes ces sources de données-là seront combinées pour nous permettre de caractériser la distribution des jeunes phoques gris, en plus des adultes, et de quantifier leurs nombres dans les différentes zones de pêche, selon les périodes de l’année, pour ultimement avoir une meilleure estimation de leur pression de prédation sur les stocks de poisson.»
RECHERCHE SCIENTIFIQUE – page 22 – Volume 36,2 Avril-Mai 2023