jeudi, novembre 21, 2024
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Température des eaux du golfe du Saint-Laurent : un nouveau record a été établi cet hiver

Selon les données du Service canadien des glaces, un nouveau record a été établi cet hiver dans le golfe du Saint-Laurent. Au pic de sa formation, à la fin février-début mars, le couvert était inférieur à 10 % de sa superficie moyenne normale. Il s’agit d’un recul de plus du tiers par rapport au précédent record enregistré en 2010.

«On sait que si on a une moyenne de 2,5 °C au-dessus de la normale pour chacun des mois de l’hiver – en décembre, janvier, février et mars – que ça correspond aux hivers sans glace», commente à ce  propos l’océanographe physicien Peter Galbraith de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML).

Dans son plus récent rapport annuel sur les conditions d’océanographie physique dans le Golfe, le chercheur M. Galbraith note, d’autre part, que la saison estivale 2023 compte, avec celle de 2021, parmi les plus longues en 42 ans. C’est ainsi que, selon ses observations, le refroidissement automnal de l’an dernier est arrivé avec 3,3 semaines de retard, ce qui a également établi un nouveau record statistique par rapport à la série temporelle 1982-2022.

Cela dit, l’océanographe et physicien précise que les tempêtes tropicales de plus en plus fréquentes dans le Golfe ont pour effet de refroidir l’eau de surface, en brassant la chaleur vers le fond. «Les années qu’on a des tempêtes post-tropicales comme Dorian et Fiona qui ramènent le froid du fond vers la surface, le refroidissement automnal va être plus hâtif que le refroidissement normal, souligne-t-il. Tandis que là, en 2023, on n’a pas eu de tempête et ça été super chaud, ce qui fait que le   refroidissement a été super tardif. On se promène d’un bord et de l’autre entre les années avec ou sans tempêtes. Mais si on n’avait pas les tempêtes, on aurait clairement une tendance vers des étés plus longs.»

VAGUES DE CHALEUR

D’autre part, Peter Galbraith rapporte avoir enregistré deux vagues de chaleur inédites en juillet puis en octobre, avec des mercures respectivement de 2,5 °C et 2,8 °C supérieurs à la moyenne. «Et ce qui a été particulier aussi, en 2023, pour la température de surface, c’est que c’était encore plus fort que ça en octobre dans l’estuaire, le nord-ouest du Golfe et la baie des Chaleurs. On a eu une énorme vague de chaleur où les mois de septembre et octobre ont atteint jusqu’à 5 °C plus chaud que la climatologie de 30 ans! À la fin septembre-début octobre, la température de l’estuaire était plus chaude encore que ce à quoi on s’attend à voir à son pic le plus chaud au début août. Deux mois plus tard que le pic de la climatologie de 30 ans, on a enregistré 12,1 °C moyenné sur une semaine, tandis que le pic qu’on s’attend à voir au début août, c’est 11,8 °C. »

De plus, le chercheur de l’IML fait remarquer que l’étendue d’eau froide sur le plateau madelinien, associée à la couche intermédiaire froide, était elle-même sous la normale en juin et septembre derniers. «La couche intermédiaire froide en août était la 4e plus chaude depuis 1985, indique-t-il. Et donc, les superficies sur le fond des eaux plus froides que 1 °C, 2 °C et 3 °C étaient moins importantes et ce,   de façon relativement significative. Par exemple, en septembre, on n’a eu aucune température sous zéro. Mais, fait intéressant, la superficie de l’habitat thermique du crabe des neiges, à 3 °C, reste malgré tout stable avec une moyenne de 46 500 km².»

EAUX PROFONDES

Autrement, il ressort également du rapport 2023 sur les conditions d’océanographie physique dans le Golfe, que les températures à 150, 200 et 300 mètres étaient en légère baisse l’an dernier, par rapport aux valeurs record enregistrées à chacune de ces profondeurs en 2022. Ainsi, à 300 m par exemple, le maximum atteint a été de 6,9 °C, contre 7 °C l’année précédente. «Ça veut dire que la montée graduelle [de température] qu’on voit à chaque année depuis 2009, semble avoir atteint un plafond. C’est encore très chaud, mais on est peut-être aussi chaud que ce qu’on va   voir à l’avenir dans le Golfe», signale M. Galbraith.

L’océanographe physicien attribue ce léger recul de la température à 300 m de profondeur à un changement dans la proportion des masses d’eau chaude du Gulf Stream et d’eau froide du Labrador qui sont entrées dans le détroit de Cabot. «Près du talus continental, loin à l’extérieur du Golfe, on voit des températures moins chaudes que 7 °C pour la première fois depuis 2013.  C’est une bonne nouvelle, parce que ça indique que les eaux qui vont continuer à faire leur chemin vers le Golfe sont moins chaudes que ce qu’elles ont été. Il y a quelques années, on y a eu des moyennes de 8,4 °C ! Donc on assisterait à un léger rééquilibrage du mélange des eaux du [courant du] Labrador et du Gulf Stream.»

Cependant, Peter Galbraith ajoute que la plupart des baisses de température enregistrées à 150 m et 200 m de profondeur, entre 2022 et 2023, sont plutôt attribuables à des déplacements verticaux des masses d’eau sous la couche intermédiaire froide. «Par exemple, à 200 m, la température a baissé d’un demi degré Celcius, mais il y a juste 0,1 °C de ça qui est attribuable au refroidissement des masses d’eau. Tout le reste, le 0,4 °C de plus, est dû au fait que la thermocline [soit la zone de transition thermique rapide entre les eaux superficielles de l’océan et les eaux profondes] a descendu de 19 m dans la colonne d’eau. Dans ces profondeurs-là, l’eau réchauffe avec la profondeur et donc, puisque la hauteur [de la zone de transition] baisse dans la colonne d’eau, c’est de l’eau froide qui se trouvait habituellement plus haut, qui se retrouve maintenant à 200 m.»

À quoi ce mouvement vertical est-il dû? Est-ce lié aux changements de salinité de l’eau qui la rendrait plus dense? «C’est tout relié, effectivement, aux changements de salinité et de température de l’eau en dehors du Golfe, qui créent des gradients de pressions pour pousser l’eau au travers le détroit de Cabot à plus faible profondeur, et la faire sortir à plus grande profondeur, nous répond le chercheur de l’IML. Il y a donc un changement dans la circulation estuarienne, mais on ne comprend pas encore pourquoi. C’est un sujet d’étude en soi sur lequel je devrai éventuellement me pencher.»

ENVIRONNEMENT – page 24 – Volume 37,2 Avril-Mai 2024

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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