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Transformation du homard : une saison aussi perturbée par la baleine noire

Du côté des transformateurs de homard, les pertes de volume attribuables à la fermeture de sous-zones liées aux baleines noires étaient difficiles à évaluer, mais elles ont causé des maux de tête que tous jugeaient bien évitables.

«C’est encore difficile à évaluer. Le homard ne fonctionne pas par quota, contrairement au crabe des neiges. Prenons les gars qui ne pêchent pas présentement. Combien auraient débarqué entre le 17 juin et la fin de la saison? Il y a 73 pêcheurs qui perdent 30 % de leur saison. Les prises étaient très bonnes pour les homardiers qui livrent chez nous; elles étaient proches du record de l’an passé», précise Bill Sheehan, vice-président de l’usine E. Gagnon et Fils.

Cette usine de Sainte-Thérèse-de-Gaspé est le plus gros acheteur de homard de la Gaspésie, et elle acquiert aussi d’importantes quantités de homard de l’extérieur du Québec, notamment de pêcheurs de la Péninsule acadienne, où la capture a également été perturbée par la présence, même si elles étaient très loin au large, de baleines noires.

«Je pense qu’on se dirigeait vers notre deuxième meilleure saison, après le record de l’an passé», souligne-t-il.

Afin de conserver ses marchés et tenter de garder au travail le maximum d’employés au complexe de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Bill Sheehan a tenté de maintenir ses achats de homard vivant en provenance de la Péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick, où 62 homardiers ont aussi vu leur saison prendre fin le 17 juin.

«Le prix a augmenté. Toutes les usines étaient à la recherche de homard. Je passe par un intermédiaire au lieu d’acheter directement avec les pêcheurs, parce qu’ils avaient tous des ententes. Comme on travaille avec des marges assez minimes dans le homard et qu’il y a un seul profit, il fallait négocier serré. On peut dire que l’acquisition de homard auprès d’un intermédiaire coûtait environ un dollar de plus la livre comparativement au prix que je peux négocier directement avec les pêcheurs», note monsieur Sheehan.

Au 22 juin, la moyenne de prix versés aux homardiers par les acheteurs gaspésiens s’établissait à environ 6,40 $  la livre, comparativement à 7,04 $ pour toute la saison 2017. Il restait toutefois de la place pour une légère amélioration de fin de saison, puisque le prix attendu pour la huitième semaine, 6,60 $, comparativement à 6,29 $ pour la septième, était appelé à croître encore pour le début de juillet.

«L’offre et la demande a fait chuter le prix après la fête des Mères, après la forte demande du début de saison. Les fêtes du 1er juillet au Canada et du 4 juillet aux États-Unis arrivent. La rareté fait le prix et ça finit fort, au début de juillet», précise Bill Sheehan.

En fait, les prix de la saison 2018 suivent une évolution plus proche de celle de l’année 2016, note-t-il.

Les fluctuations de volumes et de prix découlant des mesures de protection de la baleine noire ont-elles affecté significativement le prix payé par le consommateur?

«Il y a l’équivalent de 150 permis inactifs mais il y a 3 000 permis dans les Maritimes. C’est certain qu’il y a un impact pour le consommateur mais une journée de tempête (balayant l’est du pays) a un pire impact sur une saison globalement que 150 pêcheurs de chez nous qui ne peuvent pas sortir pendant trois semaines (…) Le gros problème, c’est que l’impact de la baleine noire s’est concentré ici», analyse monsieur Sheehan.

«Il y a deux semaines, au début de juin, on le vendait en bas du prix coûtant. Il fallait transformer pour regagner notre mise», conclut-il

Réal Nicolas, directeur de Poisson Salé Gaspésien de Grande-Rivière, a également dû faire des remaniements de stratégies pour s’adapter aux contraintes imposées par la protection de la baleine noire. Les 18 homardiers gaspésiens livrant exclusivement à son usine ont été complètement paralysés par la fermeture du secteur compris entre Gascons et Percé.

Cette déveine a été en partie contrebalancée par le fait que les homardiers néo-brunswickois qui approvisionnent Poisson Salé Gaspésien ont été juste un peu touchés par la fermeture de quadrilatères de capture.

«Il rentre seulement un peu moins de homard du Nouveau-Brunswick. La plupart des bateaux touchés par les mesures de protection peuvent changer leurs casiers d’endroit. Ça va baisser mais on s’est adapté en arrêtant le vivant, c’est-à-dire en transformant tout le homard qu’on achète, pour garder nos travailleurs. Les travailleurs sont plus importants que le marché du vivant, même si on va manquer les prix du 4 juillet, la Fête de l’indépendance américaine. On ne sera pas sur ce marché-là cette année», explique monsieur Nicolas.

Chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, Roch Lelièvre a aussi été fortement affecté par la fermeture de la capture de homard dans l’axe Percé-Gascons.

«Sur 14 pêcheurs gaspésiens, j’en ai perdu dix, arrêtés complètement par la fermeture. Au Nouveau-Brunswick, sur 28 pêcheurs, onze n’ont pas été touchés et presque tous les autres ont pu déplacer leurs casiers, parce qu’ils n’y a pas de sous-zones là-bas, contrairement à la Gaspésie. C’est plus tassé pour la pêche, par contre. Jusqu’à présent, les livraisons ont juste baissé un peu», notait monsieur Lelièvre, le 22 juin.

À cette date, aucun des 250 travailleurs de Poisson Salé Gaspésien et des 200 travailleurs de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan n’avait été mis à pied à cause de la baleine noire.

D’autre part, il était encore un peu tôt à ce moment pour statuer de l’importance des destinations vers lesquelles le homard transformé, qu’il s’agisse de chair, de queues, de homard rond, sera acheminé par les usines gaspésiennes. Les transformateurs s’entendaient pour dire que les produits s’écoulaient normalement. La faiblesse du dollar canadien constitue encore un important avantage pour les exportateurs.

LA GASPÉSIE – page 4 – Volume 31,3 – Juin-Juillet-Aout 2018

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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