jeudi, novembre 21, 2024
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Un bilan positif du programme de récupération d’engins fantômes pour certains organismes madelinots

Pêches et Océans Canada (MPO) a investi environ 15 M$ dans 63 projets de récupération d’engins fantômes, ces deux dernières années au pays, dont plus de 1 M $ dans quatre initiatives menées aux Îles-de-la-Madeleine. Globalement, on parle de 739 tonnes d’agrès abandonnés, perdus ou rejetés qui ont été retirés des eaux des côtes de l’Atlantique et du Pacifique. Ce volume correspond au poids de 231 véhicules Zamboni, souligne le ministère par voie de communiqué. Et, parmi ces engins fantômes, il y avait plus de 118 kilomètres de cordage, soit l’équivalent de la distance entre Fredericton et Saint-John au Nouveau-Brunswick.

Aux Îles, on se rappellera que l’entreprise Cultures du Large, de Havre-aux-Maisons, spécialisée dans l’élevage des huîtres, a notamment développé un système de grappin afin de nettoyer l’ancien site aquacole de Culti-Mer sur lequel gisaient plus de 200 filières abandonnées, tandis que le projet EPAPIR (Engins de pêche abandonnés, perdus: innovation et recirculation), du Centre d’innovation de pêches et de l’aquaculture du Québec Merinov, visait à caractériser les engins de pêche abandonnés ou perdus en vue d’en recycler les composantes (Pêche Impact Décembre 2021).

Les deux autres projets madelinots soutenus par le ministère ont été réalisés par le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) et le Comité ZIP des Îles, qui ont respectivement reçu un soutien gouvernemental de 407 000 $ et de 204 500 $, l’été dernier.

LORÉVA-ÎM

Le CERMIM s’est distingué par l’utilisation d’un robot sous-marin télécommandé et d’un sonar à balayage latéral qui ont permis de localiser plusieurs centaines de casiers à crabe perdus dans la zone 12F du chenal laurentien, à des profondeurs allant de 75 à 95 mètres. Intitulée LORÉVA-ÎM (Localiser, récupérer et valoriser des casiers à crabe au large des Îles-de-la-Madeleine), la mission a permis de développer une technique de récupération et le retrait de 15 casiers. La phase de localisation des engins s’est déroulée du 6 au 19 septembre, alors que la récupération s’est déroulée en cinq sorties en mer à bord du FRANCIS-ÉRIC, avec l’équipage du capitaine Francis Poirier et la collaboration du Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) du 12 octobre au 9 novembre. Elle a donné lieu à 104 plongées totalisant 45 heures de travail sous l’eau.

Le chef de mission et directeur associé du CERMIM, Marc-Olivier Massé, parle d’une première au Canada en tant que défi technique. «Notre équipe a vécu une expérience hors du commun dans des conditions de courants très forts, pas évidentes pour garder un navire stable afin de diriger des plongées», se félicite-t-il. M. Massé précise qu’un crochet a été mis au point pour faciliter la remontée des casiers à même leur cordage d’origine. «Et à notre dernière plongée, nous avons réussi à accrocher un casier en moins de quatre minutes et à le remonter à bord du navire en 20 minutes!»

Pour l’avenir, un autre robot plus efficient a été identifié, de même qu’un portefeuille d’équipements élargi pour repérer les casiers plus facilement sur le fond, expose le directeur associé du CERMIM. «L’idée, c’est de développer notre technique d’extraction à long terme», dit-il. De plus, le CERMIM se sert de son Lab-usine de Havre-aux-Maisons pour conditionner et valoriser les cordages récupérés. «On en a mesuré pour 1,7 km, dans le cadre de la mission 2021, indique Marc-Olivier Massé. Puis, parmi les cages à crabe qui n’ont pas été réclamées par les pêcheurs, elles sont dégréées et stockées en inventaire le temps d’évaluer des projets de valorisation.»

COMITÉ ZIP      

Pour sa part, le Comité ZIP travaille en collaboration avec Merinov et le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI) sur un projet de récupération des engins de pêche dans les zones   à haute valeur écologique du plateau madelinien. En extrapolant au territoire de l’archipel une statistique de la Fishing Gear Coalition of Atlantic Canada, selon laquelle de 0,5 % à 2 % des engins de pêche au crabe et au homard sont perdus annuellement dans les eaux du Canada atlantique, la biologiste du Comité ZIP Émie Audet-Gilbert calcule qu’entre 444 et 1 775 casiers à homard sont ainsi égarés à chaque année, sur les fonds de pêche de la zone 22. «C’est un nombre considérable qui pourrait affecter les stocks de homard du plateau», avance-t-elle.

Mme Audet-Gilbert raconte que son équipe s’est concentrée sur les récifs les plus achalandés et les plus accidentés de la Newhall et de la Grande Chaîne, pour rechercher des casiers. Ces zones ont été déterminées avec l’aide du RPPCI et de l’expertise des pêcheurs locaux. «Parce que c’est un peu comme chercher une aiguille dans une énorme botte de foin!», fait-elle valoir.

L’opération, qui a totalisé 16 jours, a été menée majoritairement à bord du P’TITE BAIE, piloté par son capitaine Mario Poirier, à l’aide d’une caméra sous-marine et de deux plongeurs. L’équipe du Comité ZIP a effectué 69 heures de recherche active avec la caméra et la récupération des engins a nécessité 74 plongées. Ainsi, 3,7 tonnes d’agrès de pêche ont été remontées à la surface, dont 63 casiers à homard, 1450 pieds de cordage et de fil de fer, une drague à plie et une drague à pétoncle. «On a, entre autres, récupéré un trawl complet dont les cages étaient encore en très bon état. Elles contenaient une vingtaine de homards qui étaient vraiment de bonne taille, rapporte Émie Audet-Gilbert. Au total, dans les 63 cages, on avait 61 homards adultes pesant pour la plupart plus de deux livres, dont 17 femelles de plus de 120 mm de longueur de carapace, incluant deux qui étaient œuvées. Quand on sait qu’une femelle de plus de 127 mm de longueur de carapace peut avoir jusqu’à 35 000 œufs, contre 8 000 œufs pour une femelle de moins de 80 mm, ça peut avoir un bon impact sur la population», soutient la biologiste.

Pour l’avenir, le Comité ZIP souhaite développer sa collaboration avec les pêcheurs, afin d’optimiser l’utilisation du système de communication obligatoire sur le positionnement des casiers perdus. «Parce quand les pêcheurs nous ont communiqué directement les endroits où ils avaient perdu des engins, ça nous a permis de les trouver en seulement 15 minutes, avec la caméra, versus une heure quand on fouillait un peu à l’aveuglette, affirme Mme Audet-Gilbert. Donc, ça va vraiment plus vite. Et, idéalement, il faudrait fixer le moment de la récupération tout de suite après la saison de pêche, pendant que les cages sont encore en bon état et avant qu’il n’y ait beaucoup de homards susceptibles d’y passer tout l’été.»

Enfin, notons que ces opérations de récupération d’engins de pêche fantômes, financées par le gouvernement fédéral, visent non seulement à conserver et à restaurer l’environnement marin, elles ont aussi pour but de réduire les risques d’empêtrement des baleines noires menacées de disparation. Cependant, bien qu’il applaudisse à toutes ces initiatives, le président de l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles (APPIM), Mario Déraspe, qualifie de paradoxale la décision du MPO d’imposer des cordages de faible maillage pour les casiers à crabe et à homard afin de protéger les mammifères. «En affaiblissant nos cordages, on va perdre de plus en plus nos engins de pêche, déplore-t-il. Il y a un paradoxe là: affaiblissez vos cordages pour perdre des engins et mettez des budgets pour aller chercher les engins perdus!»  

La mesure, pour limiter la tension des cordages à 1 700 livres, entrera en vigueur en 2023.

ENVIRONNEMENT MARIN – page 31 – Volume 35,1 Février-Mars 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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