Des bactéries dans le sang ?
Je décide de m’intéresser aux bactéries qu’on peut retrouver dans leur sang. On est maintenant capable de viser directement l’ADN bactérien pour savoir quelles bactéries sont présentes et en quelles quantités. On parle de microbiome circulant. Comme le sang est en contact avec tout l’organisme, il est en contact notamment avec des bactéries dans les autres microbiomes (intestinal, oral, dermique, etc.) qui sont essentiels à la bonne santé du poisson. Malheureusement, aucun microbiome circulant de poisson n’a été étudié auparavant. Il faut donc commencer par le caractériser. Il s’avère que le turbot et le flétan possèdent les mêmes bactéries, Pseudoalteromonas et Psychrobacter, à hauteur de ≈30-40%. Cependant, le turbot a plus de Vibrio, dont certaines métabolisent la chitine des invertébrés, et le flétan a plus d’Acinetobacter, biomarqueurs de régimes plus piscivores. Cependant chez la morue, on retrouve deux populations différentes. L’une ressemble aux deux flétans, et l’autre est constituée en majorité de Nitrobacter. Cette bactérie se retrouve uniquement en présence de nitrite, un élément relativement rare dans l’eau et nocif pour les êtres vivants. Cela signifierait que les morues sont en contact avec du nitrite ? Où ça ? Combien de temps ? Tant de questions qu’il reste encore à élucider, mais j’avais au moins une cartographie bactérienne de trois espèces clés. À partir de cette caractérisation, on pourra simplement détecter les variations de signature de bactérie liées à un stress. Il est clair qu’à force d’étude on pourra en estimer leur santé, et mieux prédire l’évolution de leur population par la suite.
Ressources Aquatiques Québec – page 12-3 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023