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Une bonne saison pour les homardiers, mais une diminution des prises à cause d’un lent début de saison

Les homardiers de la Gaspésie pourraient bien avoir écopé une baisse de captures de 15 à 20 % en 2022 comparativement à 2021, essentiellement en raison d’un très lent début de saison caractérisé par du mauvais temps, comme la neige, la pluie et le vent.

Le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier, a reçu des échos en ce sens de collègues pêcheurs évoluant dans les deux principales zones de capture, les secteurs 20A et 20B, couvrant la côte entre Forillon et New Carlisle.

«On travaille sans aucune statistique, notamment pour les statistiques de mi-saison. On travaille avec les statistiques des pêcheurs. Dans notre secteur, les résultats de début de saison laissent entrevoir une baisse généralisée de 15 à 22 % pour 20A et 20B. Dans les plus petites zones périphériques 19 et 21, les résultats sont exceptionnels. Dans les zones 21A et 21B, par exemple, ce serait vraiment spécial. Personnellement, c’est 20 % de baisse par rapport à 2021», précise M. Cloutier.

Il attribue l’absence de statistiques à des industriels ne remettant pas rapidement leurs données, comme les récépissés d’achat, à Pêches et Océans. «Ce serait simple de les remettre rapidement, puisque les pêcheurs sont payés régulièrement à partir de ces récépissés», dit-il.

Alors que la pêche s’est terminée le 2 juillet dans 20A et 20B, elle s’est poursuivie jusqu’au 8 juillet dans le secteur 20B8 de New Carlisle, puis entre le 14 et le 18 juillet selon les secteurs des zones 19 et 21, où il y a une certaine latitude quant à la date d’amorce de pêche au printemps, pour diverses raisons comme l’ouverture des havres, la présence de glace ou les tempêtes de fin d’avril.

GROSSE FIN DE SAISON

Une fin de saison caractérisée par de fortes prises a compensé en partie les homardiers pour un début de saison à oublier, signale O’Neil Cloutier.  

«Un pêcheur me disait ce matin que la fin de saison a été très, très forte, avec 9 % d’augmentation globale de ses prises. Les résultats des deux dernières semaines ont dépassé les résultats des deux premières semaines de capture. C’est rare. Ça démontre que le homard est sur le fond. On a vu une vague de homards mâles, des gros homards, en fin de saison. Certains pêcheurs ont débarqué 800, 900 et 1 000 livres lors de la dernière journée, le 2 juillet. Des pêcheurs à double permis ont capturé jusqu’à 2 000 livres. Les pêcheurs sont allés jusqu’à la dernière journée, ce qui n’est pas toujours le cas. Ils étaient meurtris par les deux premières semaines, marquées par les conditions climatiques, la neige et les vents dominants du secteur sud. Quand les prises ne se font pas, c’est inquiétant. Tu ne peux récupérer presque deux semaines de pêche perdue, sur une saison de 10 semaines», analyse M. Cloutier.

La saison a commencé le 24 avril dans la zone 20, avec les premiers débarquements le lendemain.

«Il faut que tu commences un moment donné, le plus tôt possible, parce que la ponte t’attend. Les femelles déposent leurs œufs sur le fond et les nouvelles femelles mettent leurs œufs sous la queue. Il faut s’habituer à démarrer tôt pour réduire les manipulations de ces femelles. La volonté des pêcheurs, c’est de ne jamais dépasser le 1er juillet. La ponte, ça commence vers la troisième semaine de juin. Plus elle s’approche de sa ponte, plus la femelle est susceptible de perdre des œufs. À tout coup, lors des manipulations, elle peut perdre 30 % de ses œufs, selon une étude qu’on avait déjà faite. Ça force les pêcheurs à débuter le plus tôt possible au printemps», explique O’Neil Cloutier.

Si les statistiques confirment un fléchissement de 15 à 20 % des prises de homard, il n’en demeure pas moins qu’en remettant le volume de prises dans un horizon comparatif remontant aux cinq dernières années, la dernière saison aura tout de même été bonne.

«Ça reste à un niveau plus élevé que 2020. Il faut se souvenir qu’il y avait eu 34 % d’augmentation des prises en 2021», note O’Neil Cloutier.

Selon les statistiques les plus récentes de Pêches et Océans Canada, le prix moyen du homard débarqué en Gaspésie s’est établi à 8,46 $ la livre en 2021. Les débarquements ont totalisé 4 644 tonnes métriques pour une valeur de 86,7 millions $, ce qui inclut les prises des Gaspésiens évoluant à l’île d’Anticosti. Ils y pêchent quelques centaines de tonnes valant quelques millions de dollars.

O’Neil Cloutier croit que les homardiers gaspésiens auraient pu recevoir un meilleur prix lors des deux premières semaines de la saison, au cours desquelles ils ont reçu 8 $ la livre. Les Gaspésiens étaient seuls sur le marché québécois lors de la première semaine. Leur prix est déterminé par le plan conjoint de mise en marché des Îles-de-la-Madeleine quand la capture débute sur l’archipel, une semaine ou deux après la péninsule.

«Les homardiers de Terre-Neuve ont obtenu 9,28 $ et 8,78 $ lors de leurs deux premières semaines. Au Nouveau-Brunswick, qui n’est pas loin de nous, les pêcheurs ont obtenu 9,50 $ lors de leur première semaine, qui était notre deuxième. On est un peu embêtés par la disparité», ajoute M. Cloutier.

À défaut d’avoir des statistiques globales pour la Gaspésie, il a calculé son propre prix pondéré de 2022, obtenu en multipliant ses prises hebdomadaires par le prix obtenu lors de cette semaine. Il s’est établi à 7,94 $ la livre. 

DES COÛTS D’EXPLOITATION EN FORTE HAUSSE

Il rappelle que les homardiers doivent s’adapter à de nouvelles réalités. «Nous sommes aussi confrontés à des fortes augmentations de coût comme l’essence et les salaires des aide-pêcheurs, les assurances et les appâts. Mes appâts ont coûté 27 000 $ en 2021, mais 35 000 $ cette année. C’est presque 30 % de plus. On sort aussi de deux ans de pandémie», dit-il.

Il ne peut s’empêcher de commenter la situation «invraisemblable» des pêches d’espèces pélagiques, frappées d’interdiction de capture pour le maquereau en 2022 et d’une suspension printanière pour le hareng.

«On a déploré l’impact de la fermeture de la pêche au hareng sans consultation. Dans le maquereau, on venait d’avoir le comité consultatif et rien n’annonçait cette mesure. Le prix du maquereau pour appâts a grimpé de plus de 25 cents, de 1,45-1,50 $ la livre à 1,75-1,80 $. Pour les petits sébastes, pris accidentellement, la hausse a été de 40 cents, à 1,40 $. Dans le hareng, c’était 1,40 $ la livre cette année. On le payait 1 $ en 2021», dit-il.

«La ministre (Joyce Murray) ne s’attaque pas au réel problème, la réalité du phoque gris. C’est de l’inexpérience, ou elle a écouté ses fonctionnaires. Ça a été trop difficile à régler comme problème? Ça fait 30 ans qu’on dit que Pêches et Océans Canada doit gérer ces espèces fourragères en tenant compte des phoques. L’évaluation se fait aux deux ans seulement et (les scientifiques) ne peuvent suivre les classes. Le maquereau de nos appâts est acheté d’Espagne, tant qu’on en voulait, du maquereau bleu, le même que le nôtre. Ce sont des espèces qui voyagent beaucoup. Les Américains pêchent dedans. Des pêcheurs de homard de Newport ont pris du maquereau dans leurs casiers de homards. Il doit en rester un peu», conclut-il.

BONNE DEMANDE POUR LE HOMARD VIVANT

Du côté de la mise en marché, Roch Lelièvre, président de la firme Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, précise que les ventes se sont bien déroulées dans le homard vivant, mais qu’elles sont plus lentes pour les produits transformés.

«Le marché est encore difficile. On s’est tourné vers l’Europe, où c’est bon. Aux États-Unis, les gens craignent la récession. Les acheteurs américains ne veulent pas d’inventaires. Ils achètent, mais juste à mesure. Quand ils n’achètent pas, les gens de l’industrie deviennent nerveux. Le marché du homard vivant a été très bon au Québec. Je vends du vivant aux États-Unis aussi, mais seulement des grandes tailles», précise le dirigeant de l’entreprise basée à Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

Les acquisitions de produits transformés à raison de petites quantités ont eu un effet sur le prix. «Le prix a baissé beaucoup sur le marché. Toutes les usines ont un problème d’entreposage. Ce n’est pas loin de déborder. Certains acheteurs ne sont pas preneurs si tu ne baisses pas le prix. Ils savent que certains transformateurs doivent réduire leurs inventaires», dit M. Lelièvre, signalant qu’il est trop tôt pour évaluer la baisse de prix.

En 2021, Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan a acheté environ 1,2 million de livres de homard des pêcheurs gaspésiens, 14 évoluant le long des côtes de la péninsule et 4 autres effectuant leurs prises à l’île d’Anticosti. L’année 2022 est moins fructueuse.

«Je n’ai pas fait mes calculs, mais il y a une baisse. Il y a une baisse au Nouveau-Brunswick aussi», précise Roch Lelièvre, en référence aux 40 homardiers néo-brunswickois livrant leurs prises à son usine, qui emploie 230 personnes en haute saison.

«Le homard vivant représente à peu près 20 % de nos ventes, et il vient de la Gaspésie et d’Anticosti. Le homard du Nouveau-Brunswick est transformé à 100 %. Il arrive une journée après et il n’est pas élastiqué comme celui de la Gaspésie. Il y a plusieurs homards brisés et c’est pour ça qu’on l’envoie à l’usine», souligne M. Lelièvre.

Le homard entier constitue «de loin» le principal produit ciblé par les acheteurs de produits transformés cette année, «surtout du cuit mais aussi du cru entier», précise-t-il.

Volume 35,3 – LA GASPÉSIE – pages 3-4 Juin-Juillet-Août 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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