Pêches et Océans Canada a fait l’annonce, cet été, de deux subventions totalisant un montant de 263 000 $ en soutien à des projets madelinots à caractère environnemental. La première somme de 43 000 $ provient du Programme d’adaptation des technologies propres pour les pêches et l’aquaculture. Elle aidera l’entreprise aquacole Les Huîtres Old Harry à remplacer sa barge à essence par une barge électrique, sans émissions de carbone. La part du lion, soit 220 000 $, est allouée à l’Association des pêcheurs de pétoncles des Îles-de-la-Madeleine, dans le cadre du Fonds des pêches du Québec, pour l’achat d’une drague dite écoresponsable de type N-Viro. La députée de la Gaspésie et des Îles, et ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, se félicite de ce que ces subventions répondent aux préoccupations des pêcheurs envers les changements climatiques et leurs effets sur les océans. «Pour moi, c’est tout à leur honneur de voir à préserver la ressource et à préserver aussi la santé des océans. Je partage cet intérêt très marqué, affirme Mme Lebouthillier. C’est une responsabilité de tous et chacun de prendre en charge tout ce qu’on peut faire pour protéger l’environnement.»
DRAGUE ÉCOSSAISE
Le président de l’Association des pêcheurs de pétoncles des Îles-de-la-Madeleine, Mario Poirier, précise, pour sa part, que la drague N-Viro est de conception écossaise. «C’est une drague qui est supposément beaucoup plus performante que la nôtre (de type Digby) et beaucoup plus écologique sur les fonds.» Le capitaine du THOMIKA note aussi que la drague N-Viro a la réputation de nécessiter une plus faible consommation de carburant. «Elle est moins dure à traîner sur les fonds, dit-il. On serait supposé d’avoir une économie de carburant de quasiment 30 %. Et elle serait beaucoup plus sélective sur les fonds. Elle ramasse beaucoup moins de cailloux; elle est supposée ramasser seulement le coquillage. Ça fait qu’on a bien hâte de voir ce qui va en parvenir. On est bien confiants.» Mario Poirier fait remarquer que l’objectif des pêcheurs de pétoncles est d’optimiser leurs sorties en mer pour mieux rentabiliser leur pêcherie. «On ne veut pas augmenter notre effort de pêche sur les fonds, assure-t-il. Disons qu’on pêcherait 5 000 livres en 14 jours de pêche avec la drague Digby et qu’avec la nouvelle drague on pourrait pêcher 5 000 livres en six ou sept jours, bien, en partant ce serait une meilleure affaire pour nous. Moins de temps de pêche, moins de carburant, moins de gaz à effets de serre.»
MERINOV COLLABORE
Les essais, menés en deux phases en cette fin d’été, sont supervisés par Merinov. Mario Poirier explique qu’un premier pêcheur choisi au sort, en l’occurrence Jean-Charles Thériault capitaine du P’TITE BAIE, fera six jours de pêche avec une drague traditionnelle d’un côté et la drague N-Viro de l’autre. «Il va pêcher de 5 heures le matin à 9 heures le soir, comme on le fait habituellement, puis moi, je vais embarquer avec mon bateau pour la deuxième phase. Je suis l’heureux élu du deuxième tirage. On va alors être deux bateaux à pêcher en même temps. Les trois premières journées, moi, je vais draguer avec un côté N-Viro et un côté traditionnel, et Jean-Charles fera la même chose. Après ça, pour les trois autres jours, un bateau va prendre N-Viro des deux côtés et l’autre bateau fera le contraire, pour vraiment comparer les résultats.». Bien qu’il prévoit recevoir le rapport final de Merinov avant le printemps prochain, M. Poirier n’anticipe toutefois pas avant l’année suivante, en 2022, la conversion de la flottille des 22 pétoncliers de l’archipel à la drague N-Viro, si les conclusions sont positives. La bonne nouvelle, selon la députée ministre Diane Lebouthillier, c’est que chacun serait admissible au soutien du Fonds des pêches du Québec pour en faire l’acquisition. Leur projet en cours est d’ailleurs le premier projet madelinot à bénéficier de son enveloppe fédérale-provinciale de 42,8 millions $ sur quatre ans. Il est financé à 100 %.
TECHNOLOGIES – page 20 – Volume 32,4 Septembre-Octobre-Novembre 2019