À mi-saison, les 67 pêcheurs de Basse-Côte-Nord, enregistrent homard de la zone 15, sur la une hausse quasi généralisée de leurs captures par rapport à la même période de l’an dernier. Selon ce que rapporte l’acheteur Michael Sheppard, de La Ferme Belles Amours de Blanc-Sablon, les débarquements de la partie ouest du secteur, entre Chevery et La Tabatière, sont de 20 % à 25 % supérieurs, alors que ceux de la portion est, à Vieux-Fort et Rivière-Saint-Paul, connaissent une progression de 30 %.
Seuls les trois pêcheurs de Brador, près de l’embouchure du détroit de Belle Isle, connaissent un manque à gagner parce qu’ils n’ont pu tendre leurs cages qu’à la fin du mois de mai, avec deux semaines de retard en raison des glaces, explique M. Sheppard. «C’est la première fois que je voyais que la glace ne bougeait pas. Le vent la poussait du côté de Terre-Neuve et aussitôt qu’il y avait un peu de vent de l’est pour la pousser dans le Golfe, il y en a d’autre qui arrivait du Labrador, relate-t-il. Le détroit de Belle Isle c’est comme un entonnoir et le problème c’est que la glace restait dans le top de l’entonnoir!»
D’ailleurs, parce que l’eau était encore très froide à la fin juin, M. Sheppard doute que les pêcheurs du secteur de Brador rattrapent leur manque à gagner d’ici la fin de la saison, le dimanche 6 août. L’acheteur n’enregistrait qu’une température variant entre 3,8 ˚C et 4,2 ˚C à l’entrée d’eau de son vivier, contre 10 ˚C à pareille date l’an dernier. «Brador, c’est vraiment sur la frontière du territoire du homard, souligne-t-il. Et la pêche y est très lente cette année parce que l’eau ne se réchauffe pas. Il y a encore beaucoup d’icebergs qui gardent l’eau très froide; c’est incroyable comme il y en a cette année! En montant la côte avec mon bateau collecteur, je peux en voir une douzaine, une quinzaine au large.»
Les prises hebdomadaires du secteur est de la zone 15 variaient entre 500 et 600 livres par bateau, à mi-saison. C’est trois fois moins que celles de la portion ouest, aux dires du propriétaire de la Ferme Belles Amours. DeChevery à Baie-des-Moutons, certains pêcheurs avaient même déjà atteint les 10 000 livres en date du 30 juin, contre un rendement de 10 000 à 12 000 livres pour toute la saison 2022. En comparaison, les captures totales du secteur est variaient entre 4 000 et 8 000 livres l’an dernier.
Quant au prix au débarquement, il était de 6,75 $/lb en date du premier juillet, contre 7 $/lb à pareille date de la saison précédente. «Ça devrait monter bientôt», affirme à ce propos Michael Sheppard, qui fait affaires avec près de la moitié de la flottille de pêche de la région. Ses compétiteurs sont I&S Seafood basée à Rivière-Saint-Paul et LNS Community Seafood Cooperative située à Harrington Harbour. Certains pêcheurs choisissent aussi d’expédier leurs prises à Longue-Pointe-de-Mingan en Moyenne-Côte-Nord, chez Poséidon, par l’entremise du N/M Bella Desgagnés qui assure la desserte maritime de l’Île d’Anticosti et de la Basse-Côte-Nord.
Enfin, bien qu’elle tende à prendre de l’ampleur grâce aux changements climatiques, notons que la pêche au homard de la Basse-Côte-Nord reste encore une activité complémentaire à celle du crabe des neiges. La pêcherie ne se pratique qu’à bord de chaloupes.
LA BASSE-CÔTE-NORD – page 8 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023
