À l’emploi du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) depuis 1993, le sous-ministre adjoint aux pêches et à l’aquaculture commerciales, Aziz Niang, a pris sa retraite en septembre dernier. L’homme originaire du Sénégal, formé à l’Université de Dakar, y a obtenu un diplôme de deuxième cycle en économie en 1984. Il avait ensuite poursuivi ses études à l’Université du Québec à Rimouski où il a complété une seconde maîtrise en 1990, cette fois en gestion des ressources maritimes.
M. Niang a notamment été professeur au Centre spécialisé des pêches du Cégep de la Gaspésie et des Îles, à Grande-Rivière, au cours de la même période de son intégration dans la fonction publique québécoise, il y a plus de 30 ans. C’est plus précisément à titre d’agent de développement industriel pour la Direction de la recherche scientifique et technique, de la Direction générale des pêches et de l’aquaculture commerciales, qu’il a débuté sa carrière au sein du MAPAQ.
On l’a mieux connu lorsqu’il s’est établi dans l’archipel madelinot en 1993, pour assumer les fonctions de conseiller en développement à la Direction régionale des Îles-de-la-Madeleine. Il en est, par la suite, devenu le directeur régional en 1998. On se rappellera qu’à ce dernier titre, il avait succédé à Réjean Richard, dont l’édifice du MAPAQ dans le port de Cap-aux-Meules porte le nom.
Aziz Niang en parle d’ailleurs comme d’une période très enrichissante pour lui. «Travailler aux côtés de Réjean Richard, quelqu’un que j’ai apprécié beaucoup, je pense que ça été une bonne formation pour moi. Et j’ai appris beaucoup de choses aux Îles. J’ai appris à connaître l’industrie de plus près parce parce qu’on vit avec les pêcheurs, on travaille avec eux au quotidien. Alors ça m’a permis d’être imprégné de la réalité de l’industrie, qui est extrêmement importante aux Îles-de-la-Madeleine.»
Une carrière saluée
Par la suite, Aziz Niang est successivement devenu le directeur des analyses et des politiques au bureau du ministère à Québec – poste qu’il a occupé pendant 12 ans, de 2001 à 2013, puis sous-ministre adjoint des pêches et de l’aquaculture commerciales pendant une autre douzaine d’années. Le haut fonctionnaire a aussi cumulé la responsabilité de l’Institut de technologie agroalimentaire sur une base intérimaire, en 2012-2013.
En tant que sous-ministre adjoint, il nous dit avoir été particulièrement marqué par les crises d’effondrement des stocks de poisson de fond et de dégringolade des prix du homard sur les marchés. «Vous savez, chaque jour a ses joies et ses peines, souligne-t-il. Et c’est dans ces moments où, à la recherche de solutions, on voit que nous avons au Québec une industrie résiliente capable de relever des défis et de s’adapter aux nouvelles réalités.»
Jean-Paul Gagné, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), salue sa longue carrière consacrée au développement du secteur. «On a toujours eu de bonnes discussions ensemble sur le renouvellement des programmes de subventions et même sur la politique de délivrance des permis de transformation. Il y a bien des domaines sur lesquels nous nous sommes penchés, autant l’AQIP que le ministère, par l’entremise d’Aziz. […] Il a beaucoup fait avancer les dossiers, du moins autant que le lui permettaient les budgets alloués au ministère par les différents gouvernements. Il a pu, dans la limite du possible, nous rendre de très bons services.»
Successeur
C’est Yvon Doyle, jusque-là sous-ministre adjoint du MAPAQ à la transformation, aux marchés, à la main-d’œuvre et aux politiques intergouvernementales fédérales-provinciales par intérim depuis 2022, qui a succédé à Aziz Niang. Détenteur d’une maîtrise en biotechnologie et d’un doctorat en psychopédagogie de l’Université Laval, il détient aussi une maîtrise en gestion internationale de l‘École nationale d’administration publique. M. Doyle a d’ailleurs débuté sa carrière au MAPAQ en 1997 en tant que conseiller expert en politiques commerciales interprovinciales et internationales, avant d’en devenir le directeur des politiques commerciales et intergouvernementales en 2018.
Le DG de l’AQIP qualifie de très positive la première rencontre qu’il a eue avec lui à la fin septembre. Il se félicite en particulier du fait qu’Yvon Doyle connaisse déjà très bien le dossier des travailleurs étrangers temporaires, essentiels au bon fonctionnement de l’industrie de la transformation des produits marins «Je pense qu’on est sur la même longueur d’onde pour l’ensemble des projets qui sont en cours et qu’on veut mettre de l’avant, affirme Jean-Paul Gagné. Nous avons convenu de nous parler régulièrement et ça s’annonce très positif.»
Même son de cloche chez Charles Poirier, le président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI), qui a eu un entretien virtuel de près d’une heure avec le nouveau sous-ministre adjoint, à la mi-octobre. La rencontre a permis de faire le tour des projets de recherche et développement que mène son organisation grâce au soutien des Fonds des pêches du Québec, de même que des dossiers qui préoccupent ses membres, tels que les problématiques de prédation par les phoques et d’interactions avec les baleines noires.
«Je dirais qu’il est très à l’écoute et on va lui donner le temps de se familiariser avec les dossiers, commente M. Poirier. Nous avons surtout insisté pour que le MAPAQ reprenne rapidement la propriété du parc à bateaux de Cap-aux-Meules, cédé à l’APPIM (Association des pêcheurs propriétaires des Îles) pour 1 $ dans les années 1980. Pour le RUPCAM (Regroupement des utilisateurs du port de Cap-aux-Meules) dont je suis administrateur, c’est un dossier prioritaire. Pourtant, nos demandes sont restées lettre morte au MAPAQ ces deux dernières années.»
Le RUPCAM souhaite percevoir les revenus de location hivernale de la centaine de sites du parc à bateaux pour rentabiliser ses opérations. Ces revenus, comptant pour le tiers des frais facturés pour les services qui y sont offerts, sont présentement versés à la Société de protection des infrastructures de pêche (SPIP), une filiale de l’APPIM n’ayant plus qu’une dizaine de membres. Or depuis 2020 qu’il gère l’entretien du site et l’opération de la grue portique pour la mise à l’eau des bateaux et leur remontée, le RUPCAM ne cesse lui-même de cumuler les déficits.
CARRIÈRE – page 27 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025