La saison de pêche au homard 2022 a été marquée par la visite du ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, le lundi 16 mai à Grosse-Île, pour faire l’annonce d’un soutien à la Coopérative des pêcheurs du Cap Dauphin. Investissement Québec lui accorde un prêt pouvant atteindre 3,1 millions $ pour le développement de ses viviers à homard. La coopérative, qui a déjà investi 5 millions $ depuis 2015 dans la construction de trois bassins d’une capacité de 600 000 livres, vise à doubler ce volume dès l’an prochain.
«On parle d’une part de 35 % sur un investissement potentiel de 8,8 millions $, a précisé le ministre. C’est un investissement majeur pour la région et je dois dire que je suis impressionné par le travail des gens de la coopérative. Son projet de modernisation et d’expansion va améliorer sa productivité et va contribuer à créer plus de richesse au sein de la communauté.»
Les viviers de la Coop des pêcheurs de Cap Dauphin ont la particularité d’être alimentés en eau de mer oxygénée, refroidie et en recirculation constante grâce à un système de douches. Les crustacés qui y sont mis en contention pour une période d’environ 48 heures en ressortent ragaillardis avant leur transport vers les marchés, affirme la directrice générale de l’entreprise d’économie sociale, Ruth Taker.
Elle explique que ce type d’infrastructure est devenu une nécessité pour minimiser les pertes. «Avant les viviers, en 2014, on a perdu jusqu’à 80 000 livres de homard dans le havre de pêche, raconte-t-elle. C’est à ce moment-là qu’on a décidé d’agir. Avec ce système-là, notre produit est vraiment de qualité supérieure sur le marché. Les homards ne sont pas à moitié morts quand ils arrivent chez quelqu’un. Ils sont encore pleins de vie!»
PROJET CONTESTÉ À GRANDE-ENTRÉE
Pendant ce temps, des résidents du secteur du Chemin des Fumoirs de Grande-Entrée, s’opposent à la construction d’un vivier à homard dans leur voisinage. Une trentaine d’entre eux réclament la tenue d’un référendum municipal sur le projet qui implique un changement de zonage.
Le promoteur du projet, Les Pêcheries SBL, qui a établi son siège social à Grande-Entrée, ce printemps, souhaite investir deux millions $ dans la construction d’une infrastructure pouvant contenir 240 000 livres, à temps pour la saison 2023. Le problème c’est que Pêches et Océans Canada lui interdira, à compter de l’an prochain, l’accès à son vivier naturel à l’entrée du havre, parce que l’espace manque en raison des bateaux de plus en plus gros de la flotte des homardiers.
«Nous n’avons pas de plan B, admet Stéphane Filion, copropriétaire de l’entreprise. Notre bâtiment n’aurait pas plus de 15 pieds de haut et, comme on est en bas de côte et qu’il n’y a pas de maison derrière, on ne cacherait pas la vue. De plus, nos activités et machineries sont prévues être à l’intérieur, alors il n’y aurait pas de bruit. Et pour les camions de transport, on va sortir à peu près deux à trois vans par semaine pendant neuf semaines. Autrement, on parle de plus petits camions qui nous font les livraisons des prises quotidiennes.»
Le conseiller municipal du village, Gaétan Richard, souligne, pour sa part, que le trafic est déjà important à Grande-Entrée, où se rendent, entre autres, des centaines de pêcheurs et aide-pêcheurs à chaque jour. De plus, il est impossible de construire le vivier dans le secteur industriel de la Pointe, faute de prise d’eau adéquate et de terrain disponible, souligne-t-il. M. Richard estime également que la Municipalité a pris les dispositions nécessaires pour atténuer l’impact d’une éventuelle modification de zonage du Chemin des Fumoirs et permettre une intégration harmonieuse du vivier dans le paysage.
«Le Chemin des Fumoirs a déjà été en zone industrielle, souligne-t-il, et tout au bout, il n’y a quasiment pas de résidences. Ça fait que j’espère que les gens vont bien analyser le projet avant de se prononcer pour ou contre, parce qu’on est un village de pêcheurs, on est la Capitale du homard du Québec avec plus de 100 pêcheurs à quai. Quand on regarde les autres villages des Îles, il y a des viviers à homard, il y a des shops à bateau qui ne sont pas nécessairement dans des zones industrielles de pêche. Le territoire est restreint et je crois qu’il faut tout mettre ça en perspective.»
Le conseil municipal décidera lors de sa réunion régulière du mois de juillet, s’il y a effectivement lieu de soumettre le projet à un référendum ou s’il vaut mieux y renoncer parce que la cause apparait perdue d’avance. Une trentaine de personnes, sur une possibilité de 160 résidents habiletés à s’exprimer, y sont ouvertement opposées.
DÉVELOPPEMENT – Volume 35,3 – Juin-Juillet-Août 2022